Deux mille hommes et cent cinquante bateaux
Souvent quand je commence un projet, je lis dix fois trop de bouquins et accumule dix fois trop de figurines. Ici ça ne change pas. Je parlerai des figurines en fin de billet, mais d'abord les bouquins.
Je suis arrivé à la moitié des 240 pages de Toil and Trouble. Ce n'est pas très rapide parce que je prends des notes en même temps. On ne sait jamais. Ca peut servir...
Comme je l'avais dit, le livre est consacré à l'expédition de la rivière rouge.
Pour tous ceux qui comme moi s'imaginaient ça comme un voyage peinard en bateau à peine perturbé par les moustiques et de temps en temps des portages, et une escale tous les soirs (tout en se doutant que ça peut être légèrement compliqué), le livre est une grande claque. Début août 1870, la colonne est étalée sur 240 kilomètres. Tout ça pour un peu plus de 2000 combattants.
Le problème est un peu le même que pour les fusées spatiales, qui partent avec d'énormes quantités de carburant et comburant, dont la plus grande partie sert à propulser le carburant et le comburant. Ici l'expédition doit traverser des étendues très peu peuplées et donc emmener tout ce dont elle a besoin avec elle.
La première partie du voyage, entre Toronto et le nord ouest du lac supérieur se fait paisiblement par vapeur. enfin, presque paisiblement car les Etasuniens refusent de faire transiter des troupes et des munitions par leur écluse de Saut Ste Marie, ce qui les oblige à tout débarquer avant et rembarquer après.
Ensuite, il faut un mois pour passer du lac supérieur au lac Shebandowan, distant de 40km ! C'est qu'il faut passer par la terre, sur une route en cours de construction (commencée deux ans avant, lorsque le Canada rachète le Manitoba à la compagnie de la baie d'Hudson). On a besoin de la route pour faire passer et repasser des chariots transportant les bateaux notamment. Là tout le monde travaille sans arrêt pendant un mois : sur la route menacée par les feux de forêt et les inondations, sur les ponts, sur un quai, au transport, etc.
Ensuite peut commencer la partie "facile" du voyage : sur les embarcations, qui font une dizaine de mètre de long et emmènent chacune une petite douzaine de soldats, 3 voyageurs et les provisions pour 60 jours. Voyage entrecoupé de fréquents portages où il faut tout décharger et hisser les bateaux à la force des bras et des jambes sur des distances et des déclivités variables.
Les "voyageurs" (en French in the text) sont des civils habitués à la vie sauvage et au voyage sur les cours d'eau du Canada, qui servent de guides et de bateliers. Sans eux rien n'aurait été possible. Ils viennent initialement du Québec, et les meilleurs sont les Iroquois. En cours de route des Indiens de la région sont embauchés et sont aussi appréciés.
L'importance des Voyageurs et aussi celle de Dawson, l'ingénieur civil, est donc fondamentale pour l'expédition, bien que minimisée par le père Wolseley of course.
Au fait, pourquoi la route depuis l'est est-elle si difficile ? En fait il existait deux autres routes. La plus facile passe par le sud, et emprunte chemin de fer et vapeur, mais a le défaut de passer par les Etats-Unis. Dans le cadre d'une colonie de la rivière rouge administrée par la compagnie de la baie d'Hudson, ce n'est pas gênant, mais pas question d'y envoyer des troupes.
La route du nord, par bateau jusqu'au fond de la baie d'Hudson et ensuite en remontant la rivière rouge, est beaucoup plus facile également, mais trop longue et n'aurait pas permis de faire revenir les troupes par le même chemin (on est en effet dans une situation où l'Angleterre est sur le point de retirer ses troupes de la toute nouvelle fédération canadienne, charge à cette dernière d'assurer sa propre défense).
Dans une situation tendue avec les Etats-Unis, qu'on soupçonne d'avoir des visées sur la colonie de la Rivière Rouge, l'expédition, d'un intérêt nul d'un point de vue militaire, sert à montrer qu'on est capable de projeter des forces et protéger les nouveaux territoires. L'expédition ouvre également la route aux colons qui commenceront à arriver peu après, en attendant la voie ferrée qui n'est pas pour tout de suite.
Côté utilité peinture, comme je le soupcçonnais, le livre n'est pas très porté sur l'uniformologie. Il se risque tout de même à préciser que les uniformes du 60th rifles dont un bataillon forme les troupes impériales de l'expédition sont vert foncé. Merci.
Concernant le 60th rifles, j'ai trouvé la tenue pendant la Crimée en, 1855.
et celui pendant la guerre anglo-zouloue en 1879.
C'est le même. La question est celle du couvre-chef. Comme je ne pense pas qu'ils avaient de casque colonial au Canada, on va rester au shako et peut-être attendre que Great War Miniatures sorte ses figurines pour la bataille de l'Alma (laquelle a été gagnée par les Anglais contre les Russes, comme tout connard de wargameur historique britannique le sait pertinemment)
Poue le 1st Rifle Ontario et le 2nd Rifle Quebec, on va attendre d'y voir plus clair.
Je HAIS l'uniformologie, de tout mon coeur de plomb et de plastique !!!
Sinon, en ce qui concerne les figurines, Benoit mon guide spirituel m'a donné hier ces figurines qui pourront être utiles, dont certaines permettant de représenter Norbet Gay.
Il y a aussi deux packs de canoë Conquest, achetés à Comitatus hier, que je vais essayer de bidouiller au truc vert pour en faire des voyageurs.
Rendez-vous dimanche prochain à 16 heures.
Suite aux commentaires, deux photos du bouquin pour les couvre-chefs.
(ceux là sont des officiers du 1st Ontario Rifles, les troupes canadiennes)
Et puis il y a aussi le bonnet comme ici :